"J'ai la mémoire qui flanche, j'me souviens plus très bien..."
Petit chansonnette guillerette pour introduire un sujet très complexe.
Vers une science de la mémoire…
De nos jours, les chercheurs s’intéressent de plus en plus à la mémoire enfin je devrais dire à nos mémoires, nuance que j’expliquerai plus loin, avec pour conséquence l’émergence d’une science spécialisée dans ce domaine. Pourquoi cet intérêt de plus en plus fort pour cette faculté de l'esprit dont la fonction principale est d'enregistrer, conserver et rappeler des informations ?
A cela, au moins 2 réponses possibles ; médicale en tout premier lieu avec le développement de plus en plus important de la maladie d’Alzheimer et des maladies neurodégénératives. En France, le chiffre de 850 000(1) malades atteints d’Alzheimer est accepté et malheureusement le nombre de personnes touchées par cette maladie pourrait croitre de 75% sur la période 2010 -2030(2).
Une autre raison, d’ordre plus philosophique et morale, est l’importance qui est accordée depuis 1990 en France, c’est-à-dire tout récemment, au devoir de mémoire, à la mémoire collective. Cependant, même si le sujet est passionnant, mon propos ici n’est pas de rentrer dans un examen critique de la notion d'« injonction d'avoir à se souvenir » mais de dresser un tableau général des différentes avancées scientifiques en matière de mémoire.
Quels sont les différentes avancées scientifiques dans ce domaine ?
Où se situe la mémoire ?
Il n’y a pas un siège précis de la mémoire, est c’est la première trouvaille importante sur le sujet. Certes, l’hippocampe, ce petit noyau cérébral niché au cœur du système limbique joue un rôle important dans le processus de mémorisation. D’ailleurs une altération de l’hippocampe entraîne des maladies neurodégénératives. Néanmoins, il ne fait qu’enregistrer les informations mais ni ne les stocke, ni même ne les récupère. En fait, ce travail de récupération nécessite une petite gymnastique intellectuelle dont le cortex frontal est le premier acteur. Se souvenir d’un moment, c’est aussi se concentrer, sélectionner les informations, raisonner, refaire ressurgir des émotions, essayer de faire remonter des images. C’est tout un processus complexe qui monopolise plusieurs zones cérébrales. Mais pour aller plus loin, se souvenir n’est pas seulement une activité mentale, nos souvenirs s’incrustent dans chaque cellule de notre corps, en témoignent par exemple nos mains moites, nos suées lorsque l’on fait resurgir un souvenir traumatisant, nos muscles qui gardent le souvenir des entraînements passés, notre système immunitaire qui reconnaît un virus déjà identifié.
Mais l’autre raison qui fait que nous n’avons pas une localisation précise de la mémoire vient du fait qu’il n’existe pas une seule mais plusieurs mémoires.
Nos mémoires …
Pour faire simple, nous avons 2 types de mémoires, elles-mêmes subdivisées en plusieurs catégories, les mémoires inconscientes dites implicites ou procédurales qui concernent les gestes ou les habitudes, les conditionnements (marcher, nager…), les empreintes, c’est l’adoption ou la répulsion pour quelque chose cela se fait précocement sans réelle sens logique. A côté de ces mémoires inconscientes existent les mémoires conscientes, dites explicites ou déclaratives qui concernent les modes de pensée et les souvenirs. Dans cette catégorie il y a la mémoire sémantique ou mémoire des règles sociales, familiales etc… qui conditionne également notre façon d’agir après avoir enregistré la conséquence de tel ou tel acte. La mémoire épisodique, c’est la mémoire des souvenirs et c’est à elle qu’on fait allusion lorsque l’on parle de mémoire. Enfin, la mémoire autobiographique qui nous permet de savoir qui nous sommes tout au long de notre vie.
La forme la plus élémentaire de mémoire est l’habituation, c’est la mémoire du corps. Elle apparaît chez les tous les êtres vivants dotés d’un système nerveux même les plus élémentaires comme l’aplysie (petit mollusque, sorte de limace marine possédant 939 neurones, le nombre total de neurones du cerveau humain est estimé de 861 à 100 milliards). L’habituation ne nécessite pas que les êtres vivants possèdent un cerveau.
Mais sans parler mollusque, la mémoire humaine n’a pas forcément besoin de cerveau pour se souvenir, nous avons aussi des mémoires externes c’est notre agenda où sont soigneusement marqués nos rendez-vous, nos Post-it, nos écrits, nos dessins, notre ordinateur …d’ailleurs…
« Faut-il craindre un effet Google » ?
En 2011, une étude parue dans la revue Science dirigée par Betsy Sparrow(3) nous alarmait sur le fait qu’il y aurait une tendance actuelle à moins mémoriser les informations sachant qu’elles se trouvent disponible en un simple clic via Google (d’où « l’effet Google »). N’en déplaise aux immobilistes, l’étude de Sparrow n’aurait pas pris en compte tous les paramètres(4). A cette théorie celle de David Cook(5) du collège de médecine à Rochester est plus nuancée. Pour lui, ainsi que ces collègues de l’université Mc Master à Hamilton au Canada, c’est le temps passé à la recherche de l’information, que ce soit sur Google ou dans un dictionnaire, qui est capital dans l’apprentissage. D’ailleurs, des études menées par l’Education Nationale vont dans le sens inverse de l’étude menée par Sparrow. Sur un échantillon de 27000 collégiens français (3ème), la navigation sur la toile aurait eu pour conséquence une augmentation de 25% de la mémorisation des connaissances. Amis et néanmoins collègues professeurs, cette étude pourrait bien vous servir.
Pourquoi les problèmes neurodégénératifs ?
Toujours est-il que l’apparition de plus en plus grandissante de maladies neurodégénératives n’est pas à relativiser. La faute à notre environnement de plus en plus pollué, certainement. La démonstration la plus criante est l’effet qu’engendrent les polluants sur les abeilles. En effet, abeilles et êtres humains ont des neurotransmetteurs très similaires, or ces dernières meurent en grand nombre du fait qu’elles n’arrivent plus à retrouver leur ruche, désorientées par les polluants qui se fixent sur leurs neurotransmetteurs. Comment de ne pas alors en déduire que ces mêmes polluants n’ont pas les mêmes effets sur l’Homme ? Car il s’agit bien là d’une perte de mémoire.
L’alimentation est aussi en cause, pour des raisons similaires, trop de pesticides, de fongicides, d’insecticides et j’en passe. D’où l’intérêt de manger Bio.
Enfin, la prise sur le long court de certains antidépresseurs aurait pour conséquence directe le développement de ces démences.
Bref, les causes sont nombreuses mais heureusement on peut aussi prévenir voir guérir certains troubles liés à la mémoire.
Que faut-il faire pour entretenir ces mémoires ?
D’un point de vue naturopathique, on peut faire beaucoup mais surtout en prévention c’est ;
- Manger Bio
- Eviter le grignotage car souvent nous avons tendance à grignoter des aliments sucrés or le sucre pris en dehors des repas serait l’une des causes d’Alzheimer. Le sucre pris en fin de repas est parfaitement digéré et passe lentement dans l’organisme sans faire de pic d’insuline fatiguant le pancréas.
- Privilégier une alimentation riche en Oméga 3 que l’on trouve dans les poissons gras tels que maquereaux, sardines, saumons… mais aussi dans les noix mêmes si les oméga 3 contenus dans les végétaux ne suffisent pas. Si on consomme des noix, environ 2 % des Oméga 3 vont être assimilés par l’organisme contre 25% dans la consommation de poissons gras.
- Faire 1 à 2 fois par an une cure de Ginkgo Biloba en gemmothérapie, en prendre avec l’avis d’un(e) professionnel(le).
- Pratiquer un sport en l’occurrence en plein air afin d’oxygéner un maximum vos petites cellules cérébrales.
- Bien dormir. C’est pendant le sommeil que le cerveau « réinitialise» ses connaissances, trie les informations, les ordonne d’où l’importance d’un sommeil de qualité.
- Eviter l’abus d’alcool car il s’attaque en tout premier lieu à l’hippocampe un des sièges de la mémoire.
Voilà pour ce qui est de la prévention, sinon il faut évidemment pratiquer une voire plusieurs activités mentales.
Une étude a été faite sur des rats, Mark Rosenzweig et ses collègues ont élevés pendant 10 semaines 2 groupes de rats dès la naissance. Le 1er groupe a évolué dans un environnement très « pauvre » avec quasiment pas de stimuli tandis que le 2ème groupe pouvait faire des circonvolutions dans des roues, monter sur des échelles etc…Conclusion, les cerveaux du 2ème groupe avaient un cortex plus épais, des neurones plus gros. D’où l’importance de stimuler précocement les individus. Attention toutefois, le cerveau d’un rat de quelques semaines « équivaut » à un cerveau humain de plusieurs années. D’où l’intérêt pour l’homme d’une stimulation sur le long terme. L’entraînement est le gage d’un cerveau toute compétition. Arrivé à l’âge de la retraire les jeux sont fait, cependant continuer à jouer, à lire, à s’informer, A SE FAIRE PLAISIR, contribue à entretenir sa mémoire.
Parfois nous avons peur lorsqu’on cherche un mot, un nom…pas de panique c’est peut-être dû à une fatigue passagère. D’ailleurs, parfois nous avons le « mot sur le bout de la langue » alors on s’efforce de le chercher, on monopolise notre énergie, on s’en veut de ne pas le trouver tout de suite. Lâchons prise sur le sujet et dans la seconde qui suit il revient spontanément, donc pas d’affolement. D’ailleurs en consultation, les personnes atteintes d’Alzheimer sous-estiment leurs pertes de mémoires alors qu’une personne « saine » les surestime.
Mais n’oublions pas que Mémoire et Oubli sont indissociables. Car c’est aussi en oubliant certains souvenirs que nous construisons notre identité, que nous nous protégeons de certains évènements traumatisants. L’oubli nous construit aussi, tout comme se souvenir de tout, l’hypermnésie, peut aussi nous détruire. Alors faisons-nous confiance, faisons confiance en notre mémoire car souvent on sous-estime notre faculté à se souvenir.
Le manque de confiance en soi est souvent la clé de voûte de nos soucis alors apprenons avant tout à nous aimer, nous respecter.
Ne l’oublions pas.
Merci.
Claire
Cet article a été inspiré par la lecture du dossier « Les clés de la mémoire » de la revue Sciences Humaines N°264 du mois de Novembre 2014, coordonné par Héloïse Lhérété. Merci au travail fait par les journalistes.
(1) Ce chiffre est issu des résultats de l’étude PAQUID, étude épidémiologique française dans laquelle 4134 personnes âgées de 65 ans et plus sont suivies depuis 1988 dans les départements de la Gironde et de la Dordogne. La méthode a consisté à rechercher régulièrement et activement par examen systématique tous les cas de maladie d’Alzheimer survenant dans l’échantillon. Le chiffre obtenu étant extrapolé pour la France entière. http://www.francealzheimer.org/
(2) Cf revue : European Journal of Epidemiology du 12 Juin 2013, recherches menées par un groupe de chercheurs français dirigé par le Pr Hélène Jacqmin-Gadda (estimations réalisées à partir des données du groupe EURODEM datant des années 1990).
(3) Betsy Sparrow, Jenny Liu et Daniel M.Wegner Google effects on Memory. “Cognitive consequences of having information at our fingertips”, Science, vol.CCCXXXIII, 2011.
(4) p. 43 revue Sciences Humaines, N° 264, Nov.2014
(5) David Cook, Anthony J.Levinson et Sarah Garside, “Time and learning efficiency in Internet-based learning. A systematic review and meta-analysis”, Advances in Health Sciences Education, vol. XV , N°5, décembre 2010.
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